Ça faisait longtemps qu’on l’attendait, Charlotte Gainsbourg l’a enfin fait ! On a lu beaucoup de choses à ce sujet : la chanteuse, morte de trac ne pouvait, soi-disant, se résoudre à partir en tournée, elle ne voulait pas faire la promo de ses albums, elle était encore choquée par son accident de 2007… autant d’explications plus ou moins hasardeuses pour justifier son absence sur scène. Qu’elles que soient les raisons de cette discrétion, depuis Juin la chanteuse a programmé quelques dates parisiennes dont deux à la Cigale les 8 et 9 Juillet.


Touchant, pudique et tout en retenue, son spectacle a été à son image. Mais une retenue qui ne demande qu’à voler en éclats, le feu sous la glace, comme on dit.


Charlotte Gainsbourg à La Cigale




D’abord statique, voire tétanisée, le sourire crispé, l’œil inquiet tel un petit animal traqué surpris par les phares d’une voiture, Charlotte est manifestement en proie à une forte émotion. Toujours sur la brèche, sa fragilité et sa timidité sont palpables et communicatives, on finit presque par avoir mal au ventre, à trembler avec elle et à redouter à chaque instant qu’elle ne trébuche, submergée par un trop plein d’émotion.


Mais elle ne dérape pas, elle reste très concentrée, très pro. Le point de bascule a vraiment lieu dès qu’elle interprète L’hôtel particulier de Serge, où elle se métamorphose et se révèle résolument glamour et rock’n roll. L’autre Charlotte, celle à l’œil charbonneux, au pantalon en cuir moulant et au tee-shirt blanc transparent laissant deviner un soutien-gorge noir (!) gagne en assurance et en sexyness. La pop et les arrangements de Beck y contribuent largement et finissent d’envoûter la salle.


Depuis le début du concert le public de La Cigale est acquis, indulgent, a envie d’aimer Charlotte et sa prestation. Si tous les yeux se tournent régulièrement vers le 1er balcon de la salle, c’est parce que Jane est là, applaudissant et soutenant chaleureusement sa fille après chaque interprétation. Car aimer Charlotte, c’est également aimer Jane et Serge, ce couple mythique, leur histoire, leur musique. Cependant aucun hommage larmoyant à Serge, Charlotte évoque pudiquement « le plus grand, le plus beau, le plus fort » et reprend en note finale un Couleur café magnifique qui la transcende littéralement. Un moment de grâce.
Dans la famille Gainsbourg, je demande le père, la mère… et la fille.


Marjorie

A propos de l'auteur

30 ans, Eurasien, Paris. Directeur associé de Studio EMF. Ancien diplômé de l'ESC Toulouse. Passionné de mode et de voyages. Amateur de boxe française et d'arts martiaux chinois.

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