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Beaucoup perçoivent la scène électronique hexagonale comme sinistrée par une sur-représentation de groupes calibrés. Si cet avis tranché peut s’avérer bien souvent exact, il n’en découle pas moins une évidence facétieuse pour l’auditeur : il faut sortir des sentiers battus pour s’abandonner aux nombreux outsiders aux idées généreuses.
C’est ainsi qu’il faut appréhender Fortune, et son album Staring at the ice melt, sorti il y a deux mois.


Riche d’une formation pop et d’une culture musicale héritée des 70’s et 80’s, Fortune pose d’emblée la couleur de sa musique. Non, les couleurs. Multicolore.



Dès les premières notes, l’oreille est enrobée de nappes dorées, d’orange chaleureux et de bleu ciel. L’été ouvre ses bras pour vous. Une voix accrocheuse et entêtante vous prend par la taille, la basse fait vibrer vos hanches et le piano donne le tempo. Comment résister à une déferlante aussi positive…


Dans une ambiance à l’insouciance et à la légèreté communicative s’enchaînent les morceaux, sans jamais glisser dans la facilité ouatée d’une formule taillée pour le succès.


Chaque morceau affiche ainsi sa teinte et apporte sa couleur à l’arc en ciel.


« Under the sun » ou la bande-son d’un mois de juin citadin en terrasse vous tend la main pour commencer le week-end. Chaque jour devient une vacance. La guitare liquide coule dans l’esprit comme un rafraichissement. La voix sourit et le piano ressemble au sourire d’une inconnue croisée au hasard d’une flânerie.


Vient ensuite « Gimme », parfaite british song, tout en new wave digérée. Le rythme attrape immédiatement dès le premier couplet pour se déployer dans le refrain pour faire bouger les épaules et donner envie de vivre plus.


« Bully », bande son d’une publicité Comet TV outre-manche, ravive la flamme du rock 70’s, scandé et incandescent. La batterie fait taper du pied, le chant se fait hymne. le menton remonte, le poing se lève, on a 17 ans, et la vie nous appartient.


« All night » plonge droit dans la new wave et renvoie dos à dos Eurythmics et The Presets. La basse reptilienne se faufile pour laisser clavier et chœur hypnotiser l’attention. Les lumières se tamisent, on danse seul. Mais on danse dans sa tête.


Vient alors « Since you’re gone », petit délice musical, friandise exquise à la guitare surf et la voix ensoleillée. Mois d’août, 18h, les ombres lèchent le décor, la plage se vide et on ne rentre pas. La liberté c’est maintenant. « Since you’re gone, well nothing makes any sense », c’est vrai. Mais il fait si beau là tout de suite. Reviens, on sera heureux ici.


Puis parviennent à nos oreilles les nappes feutrées de « Highway (part 1) ». L’intimité se fait, la voix s’en va au loin. Instant de vie intérieure. Est-on heureux ou triste…


La question disparait dès que le soleil de « Highway » vous éclaire le visage. Route musicale par excellence, la chanson crée un chemin où l’esprit s’engage pour s’évader sur des claviers ambrés et des rythmiques boisées pour suivre une voix robotique qui résonne au loin. La route défile, faite de paysages immobiles et de zestes de civilisation disséminés.


Avec « Nothin », c’est le rock 80s qui vient à nous. Foreigner, The Cars, du rock léger, simple et si évident. Des guitares cristallines qui laissent exploser un refrain rythmé par la piano. L’affaire est jouée.


Quand « Celebrate » démarre, impossible de résister. La basse attrape les hanches, la voix chuchote dans votre cou. C’est de groove qu’il s’agit. On ferme les yeux, les corps se rapprochent. « hey, tonight, let’s celebrate ». Les gimmicks funk vibrent de paillettes, le bridge sonne comme de la disco. La sensualité se fait tactile.


« Venus » plonge ses racines dans le vintage 70’s et la surf music pour en extraire une pop song moody et fragile.


« Fancy role » relance la machine au son de claviers à la Depeche Mode, pour ensuite offrir une bouffée d’air frais par son refrain aux échos féminins.


Puis vient « Poison » pour conclure l’album. Tout en douceur, comme un adieu, un soir sur un trottoir, un dernier frôlement de main, un sourire qu’on voudrait emporter avec soi pour toujours. Les rues sont solitaires, les pas résonnent. La colère monte comme une ivresse, les guitares sonnent aux oreilles comme les battement du cœur. La vue se trouble. On est seul à présent.


Avec « Staring at the ice melt », Fortune offre un carnet de sensations et de couleurs . chaque chanson raconte une histoire, chaque détail touche au but. Steel drums, ukulele, synthétiseurs hypnotiques, basses charnelles ou gimmicks vintage, l’attirail de séduction déployé par les parisiens est éclatant, et vous désarme complètement.


On peut penser à Phœnix, aux géniaux Tahiti 80, à Pony Pony Run Run ou à Air. Mais non, pensons à Fortune. Car oui, voici un nouvel acteur épatant qui remporte l’adhésion sans discussion.


Voici un disque parfait pour le mois de juin. Voici un disque parfait pour un bon moment.
Tout simplement.



Staring At The Ice Melt sur Spotify : Fortune – Staring At The Ice Melt
Fortune sur Myspace : Myspace.com/ilovefortune
Site officiel de Fortune : F-o-r-t-u-n-e.com

A propos de l'auteur

30 ans, Eurasien, Paris. Directeur associé de Studio EMF. Ancien diplômé de l'ESC Toulouse. Passionné de mode et de voyages. Amateur de boxe française et d'arts martiaux chinois.

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